19.02.2015 | Mise en circulation

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Le Brésil est le plus gros producteur mondial de canne à sucre. Photo : Werner Rudhart / Greenpeace

Le Brésil pourrait bientôt voir pousser dans ses champs la première canne à sucre au monde génétiquement modifiée. En juin, l’autorité locale de biosécurité a en effet autorisé la commercialisation de la canne à sucre CTC 20 BT de l’entreprise brésilienne CTC. Des essais en champ n’avaient jusqu’ici été réalisés qu’en Australie et en Indonésie. Avec le Brésil, c’est un acteur géant qui investirait le marché du sucre transgénique à partir de 2018. Le pays est le plus important producteur mondial de canne à sucre ; le quart de la production globale provient de ses champs (600 millions de tonnes en 2015).

Selon l’entreprise CTC, la nouvelle variété GM sécrète des toxines Bt nocives pour les insectes, éloignant ainsi les ravageurs tels que la chenille mineuse. En plus de cette résistance aux nuisibles, il est prévu ces prochaines années de doter la canne à sucre d’une résistance aux herbicides.

Ce sont surtout les producteurs du nord-est brésilien qui sont favorables à la canne GM, dans l’espoir de voir diminuer les pertes de récolte dues aux ravageurs. Augusto Freire de la Fondation ProTerra ne pense pas toutefois que la plante GM connaîtra une expansion rapide. La canne à sucre est cultivée par cycle de cinq à sept ans. Autrement dit, seuls 20% des surfaces cultivées sont replantés chaque année.

Même si les premiers champs pourraient livrer du sucre GM d’ici deux à trois ans, il n’est pas dit que les agriculteurs brésiliens soient réellement prêts à passer au nouveau produit. Car la grande majorité du sucre est exportée à l’étranger. Il leur faudrait donc se procurer les licences d’exportation auprès des pays concernés, ceux de l’Union européenne notamment.

La Fondation ProTerra est particulièrement préoccupée par le risque de contamination du sucre conventionnel. Seule une séparation complète des deux filières (OGM et non OGM) aux stades de la récolte, du transport et du stockage permettrait d’éviter une telle contamination. Il en résulterait cependant des coûts élevés qui grèveraient la rentabilité.

La culture généralisée de la canne à sucre GM pourrait en outre favoriser la monopolisation du marché des semences et accroître encore la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des grands groupes semenciers. Enfin, les dommages causés aux microorganismes dans le sol sont eux aussi une source d’inquiétude, les extrémités toxiques de la canne à sucre Bt étant souvent laissées sur les champs en guise de paillis.