30.04.2014 | Brevets

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Le bonobo, une sous-espèce de chimpanzé, vit dans les forêts du Congo. Photo : Uryadnikov – Fotolia

Une douzaine d’organisations se sont rassemblées pour faire opposition à un brevet européen de l’entreprise australienne Bionomics qui couvre des gènes isolés du corps humain, jouant un rôle dans l’apparition du cancer. Selon les termes du brevet, il est prévu d’utiliser ces gènes pour manipuler des chimpanzés et plusieurs autres espèces mammifères telles que des porcs, des moutons, des chiens et des chats. Les animaux ainsi modifiés présenteraient un risque accru de développer un cancer et pourraient servir à des expérimentations. Bionomics détient déjà trois brevets européens sur des chimpanzés génétiquement modifiés. D’autres demandes de brevets similaires ont été déposées. Il y a 40 ans était publiée la première étude montrant qu’il est possible de manipuler génétiquement des mammifères. En 2012, en Suisse, près de 22% des animaux utilisés à des fins expérimentales (quelque 130'000 rongeurs et poissons) étaient génétiquement modifiés. L’Europe a déjà accordé près de 1500 brevets sur des animaux génétiquement modifiés. « Ces brevets sont une incitation financière à multiplier les expérimentations animales. Il est grand temps de changer de cap. Nous demandons à ce que les animaux soient traités avec respect. Cela vaut tout particulièrement pour les chimpanzés, auxquels on prête une conscience proche de celle des humains », revendique Christoph Then, de Testbiotech.

En 2013 déjà, les organisations opposantes avaient adressé une lettre aux investisseurs de Bionomics, les exhortant à adhérer à des normes éthiques claires. Leur réaction se fait toujours attendre. Parmi ces investisseurs, on trouve des établissements comme la banque HSBC, UBS, JP Morgan, Citicorp ou BNP Paribas. Dans leur actuel recours, les organisations contestent aussi le brevetage des gènes, qu’il y a lieu de considérer comme de simples découvertes, et non comme des inventions. Même la Cour suprême des Etats-Unis a interdit récemment des brevets assimilant des génomes isolés du corps humain à une invention.