25.05.2014 | Dommages

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Image : En vertu du Protocole de Carthagène, la diversité biologique doit être protégée à l'échelle internationale contre la dissémination incontrôlée d'organismes génétiquement modifiés.


Un large réseau d'organisations a lancé un appel aux Etats membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) et du Protocole de Carthagène, les exhortant à devenir actifs et à interdire la dissémination de plantes génétiquement modifiées dès lors qu'il y a risque de dispersion incontrôlée ou de contamination des semences dans les régions d'origine des plantes cultivées chez nous. Selon les termes du Protocole de Carthagène, qui fait partie intégrante de la CBD, la biodiversité doit en effet être protégée à l'échelle internationale contre la dissémination incontrôlée d'organismes génétiquement modifiés. « Les craintes de propagation incontrôlée d'OGM dans l'environnement se sont déjà confirmées à plusieurs reprises ; prenez l'exemple du coton au Mexique, du colza aux Etats-Unis, au Japon, en Australie et en Suisse ou des herbes aux Etats-Unis. En outre, on a retrouvé plus d'une fois des matériaux transgéniques dans des variétés régionales ou des variétés d'origine, par exemple dans du maïs mexicain ou du riz chinois », souligne Elena Álvarez-Buylla, du Mexique.


« Nous risquons de perdre la biodiversité des plantes cultivées, parce que la dynamique des populations sauvages et des variétés d'origine est en mouvance. » Biologiste de renom, Elena Alvarez-Buylla voyage actuellement en Europe pour donner des conférences. En sa qualité de membre de la Unión de Científicos Comprometidos con la Sociedad, UCCS, elle a participé à plusieurs projets où il a été prouvé que des plantes GM sont en train de contaminer des variétés régionales et des populations naturelles au Mexique.


Cela fait des années que le Third World Network (TWN) suit les négociations sur le Protocole de Carthagène. L'organisation internationale met en garde contre les effets à long terme d'une dispersion incontrôlée de matériaux transgéniques dans l'environnement. « Le Protocole international de Carthagène demande à ce que le risque d'une propagation involontaire d'OGM par delà les frontières nationales soit exclu ou minimisé. Or la multiplication des cas de dispersion incontrôlée d'organismes transgéniques augmente sensiblement le risque d'une propagation transfrontière », précise Lim Li Ching. « De plus, si l'on veut appliquer le principe de précaution, il faut pouvoir éliminer les OGM de l'environnement en cas de nécessité. Or il suffit que les organismes se dispersent dans les populations naturelles ou contaminent les semences pour que cela devienne impossible. »


Le groupe international ETC Group met en garde contre les technologies utilisées dans ce contexte par l'industrie et par certains gouvernements pour rendre les PGM stériles. « La technologie Terminator, qui modifie génétiquement les plantes pour produire des graines stériles à la récolte, est vantée par l'industrie comme le moyen de protéger l'environnement. Mais en réalité, elle servirait surtout à empêcher les agriculteurs de multiplier leurs propres semences. Il existe des études scientifiques qui montrent que les plantes Terminator ne se comportent pas comme prévu et qu'elles induisent des risques supplémentaires. La CBD a décrété un moratoire contre cette technologie en raison des risques qu'elle présente pour la biodiversité et les agriculteurs. Malgré cela, certains gouvernements envisagent de disséminer ce genre de plantes », déclare Silvia Ribeiro, directrice du groupe ETC pour l'Amérique latine.


Les organisations qui ont lancé l'appel entendent à présent mobiliser d'autres soutiens et inscrire l'objet à l'ordre du jour d'une rencontre des Etats membres du Protocole de Carthagène. Les délégations de ces Etats se retrouveront en septembre/octobre 2014 en Corée du Sud.