Régulation sur le nouveau génie génétique: Notre Position
En collaboration avec une large alliance d'une soixantaine d'organisations de soutien, le ASGG indique dans une prise de position les lignes rouges à ne pas franchir.
L’UE peine à avancer dans la réglementation des nouveaux procédés de génie génétique. Photo : fotolia
Lors d’une conférence de haut niveau organisée le 28 septembre à Bruxelles, la Commission européenne a discuté de la place qui pourrait être dévolue aux nouvelles techniques de modification génétique dans l’agriculture européenne. Alors que la commission souhaite renforcer le rôle moteur de l'UE dans la recherche et le développement de nouvelles stratégies de sélection animale et végétale à l’aide des nouvelles technologies, des scientifiques critiques, des associations de consommateurs et la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM) ont demandé une évaluation des risques de ces techniques pour protéger l'environnement et la santé humaine. La décision de soumettre ou non les nouvelles techniques de modification génétique à la législation sur le génie génétique aura un impact significatif sur l'agriculture et la production alimentaire européennes. Mais jusqu’ici, la Commission européenne n’a cessé de reporter cette décision.
La population est-elle plus susceptible d'accepter les nouvelles méthodes de génie génétique que celle de première génération? Non! C'est le résultat d'un projet de recherche mené par l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR). La BfR a interviewé plusieurs groupes d’intérêt sur CRISPR/Cas et l'édition du génome. La première étape a consisté à déterminer combien de personnes connaissent les termes édition du génome ou CRISPR/Cas. Le résultat est surprenant, 95% n'étaient pas familiers avec ces termes.
D’après le Réseau européen des scientifiques pour une responsabilité sociale et environnementale (ENSSER), les produits obtenus à l’aide des nouveaux outils de génie génétique sont des organismes génétiquement modifiés ; en tant que tels, ils doivent être soumis à une réglementation stricte. L'expression « nouvelles techniques de sélection végétale » utilisée par les partisans de ces méthodes est trompeuse, écrit l'ENSSER dans une déclaration publiée à Bruxelles. Les conséquences de ces nouvelles techniques ne sont pas contrôlables, d’où la nécessité d’une évaluation approfondie des risques, menée par des experts scientifiques indépendants. Une réglementation est indispensable, constatent les 60 premiers signataires dans leur analyse détaillée. Prétendre qu’une réglementation est superflue est malhonnête et représente un risque inacceptable pour la santé publique, l'environnement et le commerce.
Une nouvelle étude l’atteste : le ciseau génétique CRISPR/Cas9, qui suscite tant d’enthousiasme, est nettement moins précis que ce que l’on supposait jusqu’ici. Des chercheurs du Centre médical de l’Université Columbia de New York ont montré que le ciseau ne fait pas que couper l’ADN à l’endroit voulu, mais qu’il peut aussi introduire des centaines de mutations involontaires dans le génome.